Vous avez dit « incertitude » ?

L’incertitude nous connaissons : Quel sera le temps demain ? Quand va arriver un nouveau collaborateur et comment sera-t-il ? par exemple. Ce sont des interrogations que nous connaissons même sans pandémie. L’une et l’autre vont nous pousser vers une prise de décision : pour l’une, nous prévoirons de prendre ou non un parapluie, pour l’autre nous essaierons de trouver des informations au service RH… J’ai envie de dire que pour répondre à ces interrogations des actions sont possibles. Nous consulterons la météo ou le service des RH. Il y a des comportements à adopter pour pallier ces incertitudes et pour nous donner l’impression d’avoir un certain pouvoir sur les événements.

Avec la COVID19, nous naviguons en plein flou. Vrai un jour, faux le lendemain ! Que faire, qui croire ? Comment décider ? L’incertitude est à tous les niveaux sans vraiment avoir d’action à mener pour apporter de piste de décision.

Le rapport à l’incertitude

Le contrôle de l’incertitude est une des variables du management interculturel selon Geert HOFSTEDE* et ses travaux sur les besoins en management des salariés en fonction de leur culture.

L’incertitude est plus ou moins facile à accepter selon la culture et pour chaque individu l’adaptation à des variables est plus ou moins facile.

En mer, le marin adapte sa toile (la surface de ses voiles) à la force du vent et choisi son cap et son itinéraire en fonction du sens du vent. Il adapte sa route à la destination qu’il veut atteindre en fonction de la météo. Parfois, le vent tombe, d’autres fois il tourne et la destination finale s’éloigne, inatteignable dans les nouvelles conditions. Il serait fou de maintenir son programme initial. Il doit choisir de nouvelles options. L’adaptation aux conditions météo est une constante. L’incertain fait parti de la navigation. Un marin a un rapport familier avec l’incertitude. Il s’adapte sans difficulté.

L’incertitude du moment n’est pas de même nature car elle prend ses racines dans un contexte que nous ne connaissons pas vraiment dans un pays industrialisé qui fonctionne normalement. Nous vivons dans un environnement protégé. Les changements se sont faits à la marge mais les trains roulent, les entreprises fonctionnent sur des modèles connus, l’aménagement du travail n’a pas beaucoup bougé ces dernières années depuis que l’informatique et la bureautique ont envahies nos bureaux. L’organisation du travail évoluait au rythme des besoins nouveaux sans véritable à-coups. Avec la covid, l’organisation a dû s’adapter à marche forcée pour faire face à une situation inédite aux variables inconnues.

En quelques semaines, la Covid a changé la donne

Les confinements, les restrictions de contacts, les limitations de déplacements, le port du masque, etc. ont bouleversé nos vies privées et professionnelles et remplacé bon nombre de nos certitudes en interrogations… sans réponse.

Plus de plan à moyen et long terme. Les vacances ne peuvent plus être planifiées et nous voilà privé de projets sympathiques.

Nos entreprises n’ont pas de visibilité à long terme voire leur avenir est compromis. Qu’allons-nous devenir ? Que devons-nous faire ou penser ? où trouver des outils adaptés pour anticiper ?

A toutes ces questions et bien d’autres, il n’existe pas de réponse et c’est là que l’incertitude nous confronte à notre peur de l’inconnu.

Je vous propose de contrecarrer nos incertitudes actuelles par un retour sur nos certitudes personnelles :

  1. Commençons par un tour d’horizon de nos qualités personnelles. Quelle personne sommes-nous ? Sur quelles qualités, capacités et savoir-être pouvons-nous nous appuyer pour agir dans les prochains mois ?
  2. Continuons par nos compétences professionnelles. Que savons-nous faire ? Quels atouts apportons-nous dans nos pratiques professionnelles ? Comment celles-ci peuvent-elles participer à notre adaptabilité future ?
  3. Accueillons cette incertitude comme un levier pour une adaptation à notre avantage et préparons-nous à réfléchir à comment en tirer le meilleur parti.

Un jour après l’autre, sans essayer de résister au courant qui nous porte… nous ne savons pas encore où, mais qui va nous donner temporairement une direction.

Ainsi le confinement nous a permis de développer nos compétences en réunions virtuelles, le couvre- feu nous a amené à optimiser notre organisation (horaires de travail, courses et activités au domicile en soirée), l’école à la maison nous a fait réviser quelques notions oubliées, etc.

Tablons que cette incertitude généralisée va nous préparer à plus de flexibilité ; ce que notre cerveau est tout à fait capable de gérer grâce à sa malléabilité naturelle.

Pour les projets à moyen ou long terme, rien ne nous empêche de les rêver pour être fin prêt à les mettre en route dès que la possibilité nous en sera offerte.

Bonne adaptation à toutes et tous

*(Les différences culturelles dans le management Daniel BOLLINGER et Geert HOFSTEDE / Les éditions d’organisation – 1987)

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