Harcèlement moral

Le harcèlement n’est pas né avec le livre de Marie-France HIRIGOYEN, « Harcèlement moral : la violence perverse au quotidien » paru en 1998. Il existait depuis des lustres, pratiqué autant par les femmes que par les hommes, en entreprise ou dans la sphère privée, avec toujours des conséquences sévères pour celle ou celui qui en était la victime.

Aujourd’hui, grâce aux avancées légales, le harcèlement est bien défini et lourdement sanctionné tant pour le manipulateur pervers et narcissique que pour ceux qui n’ont pas, une fois informés, porté assistance à la victime (selon l’article 222-32-2 du Code Pénal du 6/08/2014, peines de prison ferme pouvant aller jusqu’à deux ans et amendes financières jusqu’à 30 000 €).

Définition du harcèlement

Pour qu’il y ait du harcèlement, il faut réunir les 3 éléments suivants :

  1. Une personne qui agit dans le sens d’une manipulation sur une ou plusieurs autres et qui utilise des manipulations et des jeux psychologiques comme les menaces, le chantage, etc.
  2. Que cette personne exerce une domination ou emprise sur sa ou ses victimes, là où les personnes visées se sentent contraintes d’accepter les demandes ou de subir des actes contre leur propre volonté.
  3. Qu’il y ait une ou plusieurs victimes identifiées.

Pour identifier les moyens utilisés pour nous harceler :

  • Des gestes, des réflexions, des attitudes et des situations qui nuisent aux conditions de travail ou l’empêche,
  • Des gestes, des réflexions, des attitudes et des scénarios qui attaquent les personnes, leur appliquent un traitement dégradant, ou des propos racistes, sexistes, etc,
  • Dans la vie privée, ce peut être des conditions de vie qui isolent la personne et la coupe de toutes ressources affectives, financières ou familiales.

Le résultat est souvent un isolement progressif de la victime, une perte de confiance en elle-même et l’abandon d’une belle image de soi.

Le harceleur ou la harceleuse

Si l’on définit ces individus, il faut parler de manipulateurs pervers et narcissiques (MPN).

Une personne manipulatrice n’est pas forcément harcelante. Nous utilisons tous des stratégies pour arriver à atteindre nos objectifs : choisir le « bon moment » pour demander quelque chose à quelqu’un, utiliser des arguments auxquels nous savons que notre interlocuteur est sensible, etc.

Il faut donc, en plus de la manipulation, que la personne harcelante soit perverse. C’est-à-dire qu’elle ait le désir de nuire. Qu’elle souhaite faire du mal à la victime. Qu’elle y trouve une certaine jouissance ou une satisfaction personnelle.

Pour en finir, cette personne doit être narcissique. Être narcissique, c’est éprouver peu d’empathie pour les autres et être indifférent aux conséquences de ses actes. Les désirs du narcissique sont les seuls qui comptent.

Une charmante personne en somme.

Comment identifier le harceleur

Les armes du harceleur sont au nombre de 5 :

  1. Générer de la culpabilité chez sa cible qui se pense incapable, pas à la hauteur voire nulle.
  2. Faire douter de ce que nous avons dit, fait, entendu…
  3. Communiquer de façon « flou », mauvaise formulation, information incomplète, généralité ou sous-entendus.
  4. Amalgamer les situations pour rendre une défense difficile.
  5. Faire de l’humour (douteux ou prendre à parti).

Ce sont des comportements répétitifs et des attaques récurrentes qui caractérisent le harcèlement. Un reproche isolé n’est pas un harcèlement mais, des accusations répétitives peuvent être un des aspects d’un harcèlement.

Les points communs aux harceleurs

Généralement les harceleurs :

  • Utilisent la dissimulation. Ils cachent leur véritable objectif et apparaissent comme plutôt sympathiques dans un premier temps. Ainsi ils obtiennent une baisse de notre garde et nous acceptons plus facilement leurs stratégies,
  • Ils ont un aspect caméléon, car ils savent s’adapter aux conditions changeantes de leur environnement. Ils peuvent présenter une image d’eux-mêmes différente selon les interlocuteurs : serviles et sans reproche face à leurs hiérarchiques et tyranniques avec leurs collègues ou subordonnés,
  • Ils sont susceptibles (réellement ou en jouant la susceptibilité) en vue de nous culpabiliser par exemple et si, par ailleurs, on les confronte, ils deviennent agressifs ou dévalorisent l’autre par l’ironie ou le 2ème degré,
  • Contrôlants, ils chassent l’erreur (vraie ou supposée) pour nous faire douter et assoir sa domination.

Les harceleurs veulent exercer leur pouvoir sur nous. S’ils y arrivent, nous sommes en situation de harcèlement.

Les points communs aux harceleurs

Nous sommes chez nous, face à notre ordinateur et que ce soit en interaction directe via la téléconférence ou simplement en train de travailler en lien avec l’entreprise par courriels, le harceleur peut sévir de multiples manières. Voici quelques exemples de situations qui demandent notre attention.

Il s’agit de situations qui peuvent être justifiées, mais dont la répétition doit nous alerter.

  1. Notre contact nous envoie un courriel et appelle immédiatement après avoir la réponse ou l’exécution de la tâche dans l’instant. Si cela se renouvelle régulièrement et qu’après avoir demandé explicitement de bien vouloir donner un délai de réponse pour nous laisser gérer notre disponibilité, la personne continue à pratiquer cette façon de faire, il y a peut-être une tentative de nous mettre en difficulté.
  2. Une personne vous envoie un courriel à 23 h. ou plus, en demandant une réponse avant 9 h. le lendemain… Ce n’est pas raisonnablement possible. Sauf situation extrême, nous ne sommes pas supposés travailler 24/24 h. Nous avons droit au repos nocturne et au respect de nos weekends, sauf accord préalable exceptionnel (travail de nuit, décalage pour cause de fuseau horaire différent, astreintes périodiques).
  3. Des appels téléphoniques dans les mêmes créneaux (de nuit, le weekend) ne peuvent être passés que dans des cas d’urgences très exceptionnelles. Du type, un collaborateur est en carafe dans un aéroport ou confronté à une situation insurrectionnelle à l’étranger ou toute situation extrême et exceptionnelle qui demande une intervention rapide de notre part. Sinon, ce dérangement hors des heures de service, surtout s’il se produit souvent est un abus. Notre interlocuteur est peut-être en train de « jouer » avec nous.
  4. « Faire et défaire, c’est toujours travailler » disait ma grand-mère, mais des ordres contradictoires qui se succèdent sans pouvoir identifier la décision finale, nous mettent en position d’être pris en défaut, voilà le piège tendu. Dans ce cas, demandons une confirmation écrite ou informons de ce que nous avons compris et à moins d’une rectification le faire.
  5. Si des propos désobligeants nous sont dits, trouvons une stratégie pour demander à cette personne de cesser. S’ils sont écrits, répondons en mettant en copie notre N+1 surtout si ces propos sont répétitifs.

Le télétravail ne nous met pas à l’abri de mauvaises pratiques ou d’erreur involontaire, mais en cas de répétition, il faut nous mettre à l’écoute et observer si les échanges sont une mise en place d’un harcèlement moral ou non.

Dans une situation vécue comme un harcèlement, ne restons pas seul(es). Notons les éléments qui nous paraissent anormaux et parlons-en à des personnes qualifiées : au service des Ressources Humaines, à notre manager, à nos représentants syndicaux, à la médicine du travail, à un coach ou à notre médecin traitant. Tous peuvent nous aider s’ils ont été formés. A noter que des associations contre le harcèlement existent aussi dans beaucoup de villes françaises. N’hésitons pas à les rencontrer.

Bon télétravail à toutes et tous.

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